J'encourage tout le monde à remplir les questionnaires "auteurs préférés" et "livres préférés". Ils sont l'occasion d'une introspection, et de quelques questionnements (parfois capillotractés) sur la distinction entre livre et auteur. Autre point : l'intitulé des questionnaires. À "livres préférés" ou "livres inspirants", j'ai préféré "livres marquants". Il me semble que certaines marques de plaisir n'ont pas suscité d'autre réaction que l'envie de lire un autre livre.
La poésie sauvera le monde (Jean-Pierre Siméon, 2016) « Béni soit le caillou dans la chaussure. Il servira, à nous petits poucets, à retrouver notre chemin. Car on s'égare facilement dans ce monde aplani, rouleau-compressé. Un livre à l'image de la poésie, ressourçant. Une boussole. Une boussole sans aiguille. »
Histoire du fils (Marie-Hélène Lafon, 2020) « Pour l'expérience mystique vécue au "dénouement". Trop séduit par l'écriture, peut-être par la beauté linéaire, (ou alors trop flemmard en généalogie) je n'avais pas démêlé plus tôt, ni autant senti le poids de ces deux arbres qu'un bourgeon rend siamois. »
Trois femmes puissantes (Marie NDiaye, 2009) « Pour la beauté de l'écriture, la maîtrise du récit, la psychologie des personnages. »
Noir ~ Histoire d'une couleur (Michel Pastoureau, 2008) « Livre captivant qui - truffé de rebondissements - verra le prince éponyme exclu de son royaume. On croise un sacro-satané corbeau (comme dans un roman noir). Ça sent bon la teinture, la suie, l'encre fraîche des imprimeurs. Utile pour comprendre le monde. »
La pitié dangereuse (Stefan Zweig, 1939) « Lu au milieu de nouvelles dans un gros bouquin "œuvres plus ou moins complètes". Je fus happé et donc frustré. Mais le redouté mot "fin", imminent dès le début, tardait, à ma bonne surprise. Stefan ne vois-tu rien venir ? Ce furent mille pages de plaisir. »
Bleuets (Maggie Nelson, 2009) « Lorsqu'on ne distingue plus ciel et mer, le bleu promet abolition des frontières, fusion du réel dans la fiction, du non-réel dans la non-fiction. »
Et si c'était niais ? (Pascal Fioretto, 2007) « La rigueur scientifique devrait m'interdire de juger cette parodie "réussie", vue ma totale inculture de l'œuvre parodiée - celle de Marc Levy et consorts. Honte à moi ! J'ai trouvé ce livre aussi jubilatoire que les Exercices de style de Raymond Queneau. »
Madame Bovary (Gustave Flaubert, 1857) « Souvenir de 1ère. Emma au programme. Pour faire passer la pilule, on nous avait passé le Chabrol ! Inutile, le pensum redouté s'avéra délice insoupçonné. Lecture juste un peu gâchée par les images du film, imposées. Mon imaginaire privé de son Emma à lui. »
Le mythe tragique de l'Angélus de Millet (Salvador Dali, 1938) « Livre culte, découvert en cherchant à démêler les différents aiguillages de la Gare de Perpignan, le tableau de Salvador. Dalí, j'aime basculer l'accent aigu de son I, dessiner la paysanne en prière de l'Angélus, inclinée vers la gauche. La mante de Dalì. »
La rage de l'expression (Francis Ponge, 1952) « Lu après avoir ouï à la radio une partie du chapitre Oiseau. Les modulations poétiques, les poussins de Mimosa, tout cela m'a évoqué une théorie de l'évolution des pépiements ! J'ai apprécié d'être mis en condition grâce aux définitions, tirées du Littré. »
Je ne suis pas collectionneur de dédicaces, loin de là. Mais, le 11/09/2018, à la médiathèque de Tarnos (Landes), pour échanger quelques mots avec Charles Juliet, je ne voyais comment faire autrement que prendre mon ticket et rejoindre la file d'attente. Finalement, j'eus une dédicace Pour la célébration de mes deux mères sur Lambeaux, mais pas d'échange : trop de monde s'impatientant derrière moi, s'installait l'impression de devoir faire un créneau compliqué devant une ribambelle de voitures au klaxon facile. Je ne pris pas le temps de dire à Charles J. ce que j'avais à lui dire, dommage.
Rien de tel avec Jean-Pierre Siméon, à Simandre, le 25/05/2024. Petite dédicace en souvenir d'un échange enrichissant. Pour X, qui sait que la poésie c'est l'impossible en acte. Avec amitiés. sur Éloge de la poésie.
Le 06/11/2025, à l'Œil Cacodylate (librairie lyonnaise), Hélène Frappat écorche mon pseudo (Chrysix à la place de Crisyx), voulant peut-être me rechristianiser ?! Je lui confie avoir entendu parler de son Nerona alors que j'étais en pleine lecture de Britannicus. Coïncidence troublante. En souvenir de Britannicus et d'une magnifique soirée.
Le 20/11/2025, toujours à l'Œil, je me prémunis auprès de la radieuse Marie Richeux (descendue de Paris pour échanger autour de son Officier radio) : "Mon pseudo actuel, c'est Crisyx, sans H, je me déchristianise". Ayant déjà lu son livre (ce qui n'est pas le cas de toutes les personnes demandant une dédicace), et que je n'exclus pas de le relire, elle me souhaite une bonne re-lecture. Je réalise que, friand d'orthographe, j'ai manqué ma vocation : relecteur.
Textes lus sur eXionnaire.
hantise, A D R E N A L I N E , Bloody Sunday, Les amours frileux de Francis B., Nuit Diurne., Néo-Magritte (Pour les mots et l'image.), Montagne (montagne, source de l'écho, source de la rime), PÊCHEUR, Poèmes d'amour (3) Dans le train, Mourir (semi-acrostiche), La lune s'est échappée de la Terre.